Leila et les chasseurs de Francis Cabrel

Leïla si tu savais les yeux qu'elle a

Quand elle voit s'approcher les chasseurs...

Pas la peine de mentir,

Leïla sait ce que veut dire

Ce feu sous les paupières blanches

Qui fixe le dessous de ses hanches,

 

Ces mots humides de pluie

Qui meurent aussitôt dits,

Ces corps tendus immobiles,

Après les éclairs faciles.

 

Leïla, elle les connaît trop,

Faux nez et faux numéros,

Même parterre même morts,

et quand même les plus forts.

 

Leurs phrases pleines de détours,

Qui craignent la lumière du jour.

Ils cachent tous quelque chose,

Ils chassent tous quelque chose.

 

Leïla, si tu savais...

 

Y'a ceux qui pleurent de joie

En ajoutant une croix,

Ceux qui l'aiment à tout jamais,

Et qui ont un avion juste après,

 

Ceux qui ont des barques sur la Seine,

"Trop loin pour que je t'y emmène",

Ceux qui ont de l'or plein les châteaux,

Ceux qui ont des ports plein de bateaux.

 

Ils parlent tellement fort,

Ils sont tellement nombreux,

Qu'un soir de fatigue elle s'endort

Contre la peau de l'un d'eux,

 

Pour peu qu'il soit d'une autre sorte,

Un peu moins menteur que les autres,

Elle aura le gris du matin

Et les fleurs du papier peint.

 

Leïla, si tu savais...

 

Leïla n'y peut pas grand chose

Si elle a la fraîcheur des roses,

Elle est la cible de vos flèches,

Mais c'est pas vous qu'elle cherche,

 

Elle rêve d'un fragile, d'un fou

Qui l'embrasse au quinzième rendez-vous,

Qui tremble en lui prenant la main,

Et surtout qui ne dise rien.

 

 

 

 


Dernière modification: 19 Mars 2002